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Planifier son départ à la retraite avec le PER

La préparation de la retraite est un enjeu crucial de la gestion de son patrimoine, notamment pour les foyers fortement imposés.

Nous avons abordé ce thème lors de notre lettre d’information de juin, en présentant son fonctionnement et en démontrant un système à bout de souffle.

Dans notre lettre d’information de juillet, nous avons commencé à mettre en place les solutions qui s’offrent à nous, en présentant l’intérêt de l’investissement mensuel offrant souplesse, simplicité, automatisation et la 8ème merveille du monde que sont les intérêts composés.

Le Plan d’Épargne Retraite (PER) s’impose aujourd’hui comme un outil incontournable pour allier constitution d’un capital retraite et optimisation fiscale. Introduit par la loi PACTE de 2019 en remplacement des anciens produits (PERP, Madelin…), le PER offre un cadre fiscal avantageux tant à l’entrée qu’à la sortie, et même des atouts en matière de transmission patrimoniale. Dans cette lettre mensuelle, nous faisons le point sur les bénéfices du PER pour votre retraite : avantages fiscaux à l’entrée, fiscalité à la sortie optimisée pour les hauts revenus, limites pour les contribuables faiblement imposés, et atouts successoraux du PER en cas de décès.

Avantages fiscaux à l’entrée : un bonus immédiat pour les hauts revenus

L’un des principaux atouts du PER réside dans la déduction fiscale des versements. Chaque euro versé sur un PER vient réduire d’autant votre revenu imposable (dans la limite d’un plafond annuel). Concrètement, cela se traduit par une économie d’impôt immédiate proportionnelle à votre tranche marginale d’imposition (TMI). Plus votre TMI est élevée, plus la déduction offerte par le PER est intéressante. Par exemple :

  • TMI 11 % : un versement de 5 000 € sur un PER réduit votre impôt d’environ 550 € sur l’année.
  • TMI 30 % : le même versement de 5 000 € génère 1 500 € d’impôt en moins.
  • TMI 41 % : l’économie d’impôt monte à 2 050 €.
  • TMI 45 % : l’impôt économisé atteint 2 250 €.

Les sommes versées sur le PER peuvent être déduites jusqu’à 10 % de vos revenus professionnels de l’année précédente.

De plus, si vous n’utilisez pas tout votre plafond de déduction une année, le reliquat est reportable sur les trois années suivantes. Enfin, les couples mariés ou pacsés peuvent mutualiser leurs plafonds : le plafond non utilisé par l’un peut servir à l’autre.

En résumé, le PER procure un “bonus fiscal immédiat” pour les épargnants lourdement imposés. Vous pouvez réduire significativement votre impôt sur le revenu tout en épargnant pour la retraite. Cet avantage est un levier puissant pour augmenter votre capacité d’épargne : au lieu de payer 41 % ou 45 % d’impôt sur une somme, vous la placez en totalité sur votre PER. Vos investissements fructifient en outre à l’abri de l’impôt pendant la phase d’épargne (les gains réalisés chaque année sur le PER ne sont pas taxés tant que l’épargne reste dans le plan).

Sortie du PER : un complément de retraite à fiscalité allégée

Au-delà de la phase d’épargne, l’autre face du PER se joue à la sortie, au moment de la retraite. Les fonds accumulés peuvent alors être récupérés, soit sous forme de capital (en une ou plusieurs fois), soit sous forme de rente viagère, soit une combinaison des deux, selon vos besoins. La fiscalité à la sortie dépend du choix effectué et surtout si les versements ont été déduits à l’entrée ou non.

  • Sortie en capital (versement unique ou fractionné): La part du retrait correspondant aux versements que vous aviez déduits de votre revenu est imposée au barème de l’impôt sur le revenu (ajoutée à vos autres revenus imposables de l’année). Autrement dit, c’est de l’impôt “différé” : ce que vous n’avez pas payé en cotisant, vous le paierez en partie en retirant. Les plus-values (intérêts générés dans le plan) sont, elles, taxées à 30 % forfaitaire(Prélèvement Forfaitaire Unique, incluant 12,8 % d’impôt et 17,2 % de prélèvements sociaux).
  • Sortie en rente viagère (revenu à vie): La rente que vous percevez est assimilée à une pension de retraite. Ainsi, la part de la rente correspondant à des versements déduits est imposée dans la catégorie des pensions avec l’abattement de 10 % applicable aux retraites.

Le véritable intérêt du PER se manifeste si votre taux d’imposition à la retraite est plus faible que durant votre vie active. Idéalement, un épargnant fortement imposé aujourd’hui (TMI 41 % ou 45 %) deviendra un retraité modestement imposé (TMI 30 % ou 11 %) : il aura déduit ses versements à 41-45 % et les retirera taxés à seulement 30 % ou 11 %. Ce différentiel de tranche se traduit par un gain fiscal net. Par exemple, un cadre ayant économisé 2 250 € d’impôts en plaçant 5 000 € à 45 % TMI aujourd’hui, et qui, une fois retraité, serait imposé à 30 %, ne paierait que 1 500 € d’impôt sur ce retrait plus tard – il aurait donc 750 € d’économie nette, sans compter les intérêts accumulés entre-temps.

Il convient de noter que si, une fois à la retraite, vous n’avez pas besoin immédiatement de cet argent, vous pouvez laisser fructifier le capital sur le PER aussi longtemps que souhaité. Il n’y a pas d’obligation de liquidation dès le départ en retraite. Vous pourriez par exemple différer les retraits à quelques années après la retraite pour lisser votre imposition, ou n’en retirer qu’une partie en capital et convertir le reste en rente viagère. Cette flexibilité, propre au nouveau PER, permet d’affiner votre stratégie fiscale au moment de la retraite.

Un dispositif moins pertinent pour les TMI de 30 % ou moins

Si le PER brille pour les contribuables fortement taxés, son intérêt est plus limité pour les personnes faiblement imposées (TMI à 0, 11 % ou 30 %). En effet, l’avantage immédiat procuré par la déduction fiscale est réduit, voire nul, pour les petites tranches : par exemple, 5 000 € versés n’apportent qu’une économie de 550 € à 11 % (et 0 € si vous n’êtes pas imposable). Or, en contrepartie de cet avantage moindre, votre épargne reste bloquée jusqu’à la retraite (sauf cas de force majeure) et sera fiscalisée à la sortie. Si vous anticipez peu ou pas de baisse de TMI une fois retraité, le risque est de payer autant d’impôts plus tard que l’économie réalisée aujourd’hui, annulant le bénéfice du PER.

Concrètement, un contribuable dans la tranche à 30 % aujourd’hui qui s’attend à être encore à 30 % une fois retraité n’aura pas de gain fiscal : il déduit à 30 % maintenant et paiera 30 % sur ses retraits plus tard. S’il devait, par malchance, être taxé plus fortement à la retraite (par exemple suite à d’autres revenus, ou une hausse des taux futurs), l’opération pourrait même s’avérer perdante. Pour un contribuable non imposable ou faiblement imposé (0 % ou 11 %), le PERn’apporte pas d’économie d’impôt immédiate, mais les sommes retirées à la sortie risquent d’être imposées si sa situation change (ou au moins soumises à la flat tax sur les gains).

Il existe heureusement une option pour ces profils : renoncer à la déduction fiscale à l’entrée. En effet, le PER permet, à chaque versement, de choisir de ne pas le déduire du revenu imposable. Cette option est irrévocable pour le versement concerné, mais on peut faire un choix différent à chaque dépôt. Pour un épargnant peu ou pas imposé, ne pas déduire ses versements signifie qu’il ne « perd » rien aujourd’hui (puisqu’il n’aurait presque pas réduit son impôt de toute façon) et, en échange, il bénéficiera d’une fiscalité allégée à la sortie. Concrètement, les sommes versées sans déduction seront exonérées d’impôt au moment du retrait (ainsi que de prélèvements sociaux) – seuls les gains générés seront taxés à 30 % forfaitaire en cas de sortie en capital.

En somme, pour les épargnants dans les tranches moyennes ou basses, le PER n’est pas un outil de défiscalisation prioritaire. D’autres enveloppes comme l’assurance-vie ou le PEA, plus flexibles, peuvent parfois être privilégiées pour faire fructifier une épargne disponible. Cependant, le PER peut quand même servir de complément d’épargne retraitepour constituer un capital bloqué “forcé” en vue de la retraite. Si vous optez pour le PER avec une TMI faible, envisagez de ne pas déduire vos versements : vous profiterez tout de même de la croissance en franchise d’impôt pendant la phase d’épargne, et récupérerez votre capital retraite sans fiscalité sur le principal à la sortie.

Un outil de transmission efficace pour protéger vos proches

Au-delà de la retraite, le PER présente un intérêt patrimonial en cas de décès du titulaire ou de son conjoint, souvent méconnu. En effet, le législateur a aligné en grande partie le PER sur le régime favorable de l’assurance-vie pour la transmission du capital en cas de décès.

  • En cas de décès du titulaire du PER (avant d’avoir liquidé son plan) : les sommes accumulées sont transmises aux bénéficiaires désignés (par une clause bénéficiaire) selon un régime fiscal très avantageux. Si le décès intervient avant 70 ans, chaque bénéficiaire profite d’un abattement de 152 500 € sur la part qu’il reçoit, puis le surplus est taxé à 20 % (et 31,25 % au-delà de 700 000 €). Si le décès a lieu après 70 ans, l’ensemble des bénéficiaires se partagent un abattement global de 30 500 €, puis les sommes sont soumises aux droits de succession ordinaires.

Ce régime fiscal à la transmission est en tout point similaire à celui de l’assurance-vie, à deux exceptions près : c’est l’âge au moment du décès (et non l’âge au versement) qui compte pour appliquer l’abattement sur un PER, et en cas de décès après 70 ans, la taxation s’applique sur l’intégralité du capital (versements + intérêts) alors qu’en assurance-vie seuls les versements effectués au-delà de 70 ans et au-delà de 30 500 € sont taxables. Bonne nouvelle : toute la croissance réalisée dans le PER échappe aux prélèvements sociaux lors de la transmission aux bénéficiaires. Autrement dit, les intérêts accumulés ne subissent pas le 17,2 % de prélèvements sociaux qu’ils auraient eu en cas de rachat du vivant – ils sont transmis nets. Ce traitement surpasse même l’assurance-vie sur ce point.

  • Désignation du conjoint survivant comme bénéficiaire: Pour la protection du conjoint, le PER est un formidable outil. Le conjoint (ou partenaire de PACS) est, de toute façon, exonéré de droits de succession en France, quel que soit le montant transmis. En le nommant bénéficiaire du PER, on s’assure donc qu’il récupérera 100 % du capital accumulé, sans aucune imposition.

Résultat, les versements à l’entrée ont réduit la charge fiscale pendant la phase d’épargne et aucun impôt ne sera dû à la sortie. C’est un point capital : en cas de décès, l’avantage fiscal que vous aviez obtenu à l’entrée est définitivement acquis – ni vous ni vos héritiers ne “remboursez” cet avantage. Le PER se révèle ainsi un outil de transmission optimisé, permettant potentiellement d’obtenir « réduction d’impôt à l’entrée, et zéro impôt à la sortie » dans le scénario où le conjoint hérite du plan.

  • Cas du décès du conjoint (ou partenaire): Le PER prévoit parmi ses clauses de déblocage anticipé les « accidents de la vie », dont le décès du conjoint ou partenaire de PACS. Cela signifie que si votre époux/épouse venait à disparaître, vous seriez autorisé(e) à retirer votre épargne du PER par anticipation, afin de faire face à la situation, sans pénalité fiscale Plus précisément, lors d’un déblocage anticipé pour décès du conjoint, le capital retiré correspondant à vos versements est exonéré d’impôt sur le revenu et de prélèvements sociaux(seuls les gains supporteraient les prélèvements sociaux de 17,2 %).

En pratique, le PER offre donc une double possibilité à l’approche de la retraite : soit en profiter soi-même en prenant une rente ou un capital, soit le considérer comme un outil de transmission en laissant le capital dans le plan jusqu’à la fin de vie. Cette seconde option peut s’avérer particulièrement judicieuse pour les personnes qui n’ont pas un besoin vital de ces fonds à la retraite, notamment celles disposant par ailleurs d’une bonne pension ou d’autres placements. Conserver son PER jusqu’au décès permet à la fois d’éviter l’imposition sur les retraits de son vivant (qui peut être lourde si on reste dans une tranche élevée), et de faire bénéficier les proches du cadre fiscal favorable du PER en succession. Naturellement, chaque situation est unique et doit être analysée au cas par cas avec votre conseiller patrimonial (choix des bénéficiaires, option rente réversible pour le conjoint, etc.).

En conclusion : le PER, un pilier de votre stratégie patrimoniale retraite

Le Plan d’Épargne Retraite nouvelle génération s’impose comme un levier puissant pour qui veut préparer sa retraite tout en optimisant sa fiscalité. Pour les contribuables à TMI 41 % ou 45 %, c’est sans doute aujourd’hui l’un des dispositifs les plus efficaces pour réduire l’impôt dès maintenant, tout en se constituant un complément de revenu pour plus tard. La déduction fiscale à l’entrée, couplée à une utilisation intelligente à la sortie (capital ou rente selon la situation), permet souvent d’arbitrer l’impôt à son avantage sur l’ensemble de la période de vie. Même en matière de transmission, le PER démontre sa valeur : il peut protéger votre conjoint et favoriser vos héritiers dans les meilleures conditions fiscales possibles.

Bien entendu, le PER n’est pas la panacée universelle. Si votre imposition est faible, d’autres solutions d’épargne plus flexibles mériteront d’être étudiées, ou bien l’option de versements non déductibles devra être envisagée pour profiter surtout de l’effet retraite sans contrainte fiscale ultérieure. Par ailleurs, le PER s’insère dans une stratégie globale : il est complémentaire de l’assurance-vie, du PEA, de l’immobilier, etc., chaque enveloppe ayant ses avantages propres (liquidité, fiscalité des revenus, succession…).

En tant que cabinet de gestion de patrimoine, nous vous accompagnons pour déterminer si le PER correspond à votre profil et comment l’intégrer judicieusement dans votre plan de retraite. N’hésitez pas à nous solliciter pour évaluer votre tranche d’imposition actuelle, vos perspectives à la retraite et vos objectifs familiaux. Vous pourrez ainsi décider du montant à verser, du choix ou non de la déduction fiscale, et de la clause bénéficiaire à prévoir sur votre PER.